Marie-Antoinette – partie 1
Marie-Antoinette n’était ni la grande sainte du royalisme ni la grande « grue » de la Révolution, mais un être moyen, une femme en somme ordinaire, pas trop intelligente, pas trop niaise, un être ni de feu ni de glace, sans inclination pour le bien, sans le moindre amour du mal, la femme moyenne d’hier, d’aujourd’hui et de demain, sans penchant démoniaque, sans soif d’héroïsme, assez peu semblable à une héroïne de tragédie. Mais l’Histoire, ce démiurge, n’a nullement besoin d’un personnage central héroïque pour échafauder un drame émouvant.
[…] Avec un réalisme mélodramatique, cette tragédie met en présence les oppositions les plus violentes ; elle pousse Marie-Antoinette d’un palais impérial aux cent salons dans une misérable geôle, du carrosse doré sur la charrette du bourreau, du trône sur l’échafaud ; elle la jette du luxe dans l’indigence ; d’une femme jouissant de la faveur générale et partout acclamée, elle fait un objet de haine sur qui s’abat la calomnie ; bref elle l’entraîne toujours plus bas, sans pitié, jusqu’au suprême abîme. Et cet être petit et médiocre, soudainement assailli dans sa nonchalance, ce cœur étourdi ne comprend pas ce que lui veut cette force étrangère ; il sent seulement qu’une dure poigne le pétrit, qu’une griffe brûlante s’enfonce dans sa chair torturée ; inaccoutumé à la souffrance, la craignant, il ne se doute de rien, se débat, gémit, cherche à s’échapper. (S. Zweig)
Marie-Antoinette – partie 2
Marie-Antoinette n’était ni la grande sainte du royalisme ni la grande « grue » de la Révolution, mais un être moyen, une femme en somme ordinaire, pas trop intelligente, pas trop niaise, un être ni de feu ni de glace, sans inclination pour le bien, sans le moindre amour du mal, la femme moyenne d’hier, d’aujourd’hui et de demain, sans penchant démoniaque, sans soif d’héroïsme, assez peu semblable à une héroïne de tragédie. Mais l’Histoire, ce démiurge, n’a nullement besoin d’un personnage central héroïque pour échafauder un drame émouvant.
[…] Avec un réalisme mélodramatique, cette tragédie met en présence les oppositions les plus violentes ; elle pousse Marie-Antoinette d’un palais impérial aux cent salons dans une misérable geôle, du carrosse doré sur la charrette du bourreau, du trône sur l’échafaud ; elle la jette du luxe dans l’indigence ; d’une femme jouissant de la faveur générale et partout acclamée, elle fait un objet de haine sur qui s’abat la calomnie ; bref elle l’entraîne toujours plus bas, sans pitié, jusqu’au suprême abîme. Et cet être petit et médiocre, soudainement assailli dans sa nonchalance, ce cœur étourdi ne comprend pas ce que lui veut cette force étrangère ; il sent seulement qu’une dure poigne le pétrit, qu’une griffe brûlante s’enfonce dans sa chair torturée ; inaccoutumé à la souffrance, la craignant, il ne se doute de rien, se débat, gémit, cherche à s’échapper. (S. Zweig)
Berthe Morisot
Derrière la simplicité de sa vie extérieure, derrière la banalité des agitations de sa vie mondaine qu’illuminèrent à la vérité le charme d’une grâce féminine exquise et le sourire d’une constante bonté auquel vint s’ajouter celui d’une tendresse maternelle très profonde, se cache une admirable vie d’artiste : sa vie intérieure, sa vraie vie, celle que révèlent ses œuvres qui furent ses confidentes de chaque jour et qui, à travers leur multiplicité et leur diversité, montrent que, depuis l’enfance jusqu’à la mort, elle est toujours demeurée elle-même dans son art, ce qui ne l’a pas empêchée d’enrichir peu à peu sa palette et de perfectionner et élargir son métier à mesure que se développait sa sensibilité, que s’affinait sa vision et que s’assouplissait sa main.
Vie de Mozart
Mélomane passionné, Stendhal consacrera une biographie à Wolfgang Amadeus Mozart. Vie de Mozart est essentiellement une traduction de la biographie allemande de Friedrich Schlichtegroll, agrémentée par Stendhal de plusieurs ajouts, dont plusieurs digressions sur la musique italienne.
Cette biographie permet de découvrir ou de retrouver les anecdotes les plus fameuses de la vie de Mozart : ses tournées d’enfant-prodige, son caractère, sa manière de travailler, comment il composa l’ouverture de Don Giovanni, La Flûte enchantée et bien sûr le Requiem…
Émile Zola
Avant de se pacifier dans l’immortalité, la destinée d’Émile Zola aura été étrangement tourmentée. Comme tous les hommes de génie – surtout les hommes d’un génie rude, tenace et humain, – Zola a créé, toujours, autour de lui, de la tempête. Il n’est pas étonnant que la bourrasque souffle encore.
« Son œuvre fut décriée, injuriée, maudite, parce qu’elle était belle et nue, parce qu’au mensonge poétique et religieux elle opposait l’éclatante, saine, forte vérité de la vie, et les réalités fécondes, constructives de la science et de la raison. » (Octave Mirbeau)
Suivi de J’accuse… ! article rédigé par Émile Zola, publié dans L’Aurore du 13 janvier 1898
Louis II de Bavière
Il est peu de figures qui prêtent davantage à la légende et au roman que celle du malheureux roi de Bavière. […]
Le roi de Bavière et sa vie tourmentée n’ont pas cessé de parler à l’imagination des hommes. Ses châteaux reçoivent toujours des visiteurs. Louis II n’a pas eu tort d’élever des palais où se fixe la curiosité. Sinon, sa cousine, la tragique Élisabeth d’Autriche, eût bien pu effacer son souvenir. Comme la sensibilité de l’Impératrice est plus douloureuse et plus profonde que la sienne ! Et quelle rivale pour notre artiste manqué ! […]
Son bonheur voulut seulement que des noms illustres, des événements historiques fussent mêlés à sa vie. Il a eu Wagner. Il a traversé 1870 et la fin de la vieille Allemagne. C’est pourquoi toute une cour de romanciers et de poètes a pu broder une auréole au Néron bavarois.
Gustave Courbet
La science livresque des doctes professeurs est généralement impuissante à expliquer l’œuvre d’art et à en faire apprécier les qualités essentielles.
Courbet apprit la grammaire de son art dans les Musées, mais c’est au contact de la Réalité qu’il put développer magistralement son style et affirmer son originalité. C’est parce qu’il s’évada des Musées au moment opportun que les morceaux capitaux de son œuvre tiennent bellement leur place au Louvre, à côté des chefs-d’œuvre des meilleurs artistes de son temps et de tous les temps.
Chopin ou le poète
De Chopin, presque rien ne subsiste. Sa nature le préservait des vaines expériences et le destin a voulu en outre qu’un grand nombre de ses lettres et de ses reliques fussent brûlées dans une maison varsovienne qu’habitait sa sœur en 1863. […] Au demeurant, sa vie fut toujours si simple et si logique, qu’un peu de commentaire est nécessaire pour l’entendre, comme sur une note une appogiature la fait mieux valoir. Deux ou trois voyages exceptés, le monde extérieur a fort peu pénétré cette imagination tournée toute vers le dedans. Sa poésie est ce qu’il ajoute de possible et de chantant aux déceptions de ses journées.
Assez mal servi en amour, en amitié, en tout ce qui exige de l’aveuglement ou un excès de pédale, ce souffreteux lucide ne s’est regardé que dans un seul miroir : l’ébène de son piano.
Marie Walewska
L’Empereur ôte son chapeau, et, se penchant vers la dame commence à lui parler ; mais elle, comme inspirée, éperdue et affolée par les sentiments qui l’agitent, dans une sorte de transport, dit-elle elle-même, ne lui laisse point achever sa phrase. « Soyez le bienvenu, mille fois le bienvenu sur notre terre ! s’écrie-t-elle. Rien de ce que nous ferons ne rendra d’une façon assez énergique les sentiments que nous portons à votre personne, ni le plaisir que nous avons à vous voir fouler le sol de cette patrie qui vous attend pour se relever ! »
Elle voulait sauver la Pologne. Elle ne réussit qu’à tomber amoureuse de Napoléon, et à lui donner son premier enfant.
Joseph Fouché
«Il faut faire un certain effort pour se représenter le même homme de chair et d’os, en 1790, professeur ecclésiastique et dès 1792 pilleur d’églises, en 1793 communiste, et à peine cinq ans après plusieurs fois millionnaire, enfin, dix ans plus tard duc d’Otrante. Mais plus ses changements étaient hardis et plus devenait intéressant pour moi le caractère, ou plutôt l’absence de caractère, du plus parfait des disciples modernes de Machiavel ; plus sa vie politique tout entière passée dans les coulisses et dans les ténèbres devenait pour moi captivante et plus sa figure prenait à mes yeux une allure originale et même démoniaque.» (S.Z.)
Marie Stuart – partie 1
« Le mystère qui entoure la vie de Marie Stuart a été l’objet de représentations et d’interprétations aussi contradictoires que fréquentes : il n’existe peut-être pas d’autre femme qui ait été peinte sous des traits aussi différents, tantôt comme une criminelle, tantôt comme une martyre, tantôt comme une folle intrigante, ou bien encore comme une sainte. […]
Marie Stuart appartient à ce type de femmes très rares et captivantes dont la capacité de vie réelle est concentrée dans un espace de temps très court, dont l’épanouissement est éphémère mais puissant, qui ne dépensent pas leur vie tout au long de leur existence, mais dans le cadre étroit et brûlant d’une passion unique. » (S. Zweig)
Marie Stuart – partie 2
« Le mystère qui entoure la vie de Marie Stuart a été l’objet de représentations et d’interprétations aussi contradictoires que fréquentes : il n’existe peut-être pas d’autre femme qui ait été peinte sous des traits aussi différents, tantôt comme une criminelle, tantôt comme une martyre, tantôt comme une folle intrigante, ou bien encore comme une sainte. […]
Marie Stuart appartient à ce type de femmes très rares et captivantes dont la capacité de vie réelle est concentrée dans un espace de temps très court, dont l’épanouissement est éphémère mais puissant, qui ne dépensent pas leur vie tout au long de leur existence, mais dans le cadre étroit et brûlant d’une passion unique. » (S. Zweig)
Magellan
« En faisant le récit de cette odyssée de la façon la plus fidèle possible d’après les documents qu’il m’a été donné de rassembler j’ai eu constamment le sentiment de raconter une histoire que j’aurais inventée, d’exprimer l’un des plus grands rêves de l’humanité. Car il n’y a rien de supérieur à une vérité qui semble invraisemblable. Dans les grands faits de l’histoire, il y a toujours, parce qu’ils s’élèvent tellement au-dessus de la commune mesure, quelque chose d’incompréhensible ; mais ce n’est que grâce aux exploits incroyables qu’elle accomplit que l’humanité retrouve sa foi en soi. » (S. Zweig)
Stefan Zweig
À travers sa plume, Stefan Zweig a révélé la vie intime et les secrets des grandes figures historiques. De Magellan à Marie Stuart en passant par Joseph Fouché, Zweig a dépeint ces personnages illustres avec une empathie remarquable, dévoilant leurs triomphes et leurs tragédies.
Dans ses biographies, Zweig a transcendé les faits historiques pour se concentrer sur la psychologie de ses sujets, leur donnant une profonde dimension humaine. Ces récits magistralement narrés dévoilent les aspirations, les dilemmes et les passions qui ont façonné la destinée de ces personnalités.
Au-delà des faits, Zweig explore leurs émotions, leurs doutes et leurs espoirs, offrant ainsi une perspective intime sur ces personnages historiques.
Monsieur de Charette, le roi de Vendée
1793, la Vendée refuse la levée en masse, les paysans prennent les armes contre la République et la Terreur. Ancien lieutenant de vaisseau, François Athanase Charette n’était pas enclin à s’impliquer dans le soulèvement, quand ses métayers viennent le chercher. Il est entraîné ainsi que d’autres officiers à la tête de l’insurrection, au nom de Dieu et du Roi. Forte tête, Charette fait bande à part. Il mène, durant deux ans, sa propre guerre contre les « bleus » jalonnée de succès et surtout de revers. Mais, quand tout semble perdu face aux colonnes infernales, il relève le courage de ceux qui l’entourent, les mène au combat, les pousse sur l’ennemi, et les maintient devant lui jusqu’à la dernière extrémité. Inaltérable, insouciant du danger, conscient du sacrifice entier de sa propre vie, Charette est une des figures les plus marquantes de guerres de Vendée.
Le roman d’une favorite, la comtesse de Castiglione
Si jamais l’histoire et le roman parurent se rejoindre et se fondre, de manière à former de leur étroite union un sujet aussi captivant, ce fut, certes, dans la vie de la célèbre et très mal connue comtesse de Castiglione, surnommée « la Divine » pour sa beauté supra-humaine et qui, après avoir été la voix secrète, aux Tuileries, de la politique italienne, « la favorite », disait-on, de Napoléon III, la conseillère et l’amie des princes de la maison d’Orléans, termina, loin du monde, lasse de tout et de tous, son étrange aventure de rayonnement et de conquête.
La vie amoureuse de Casanova
« Volontairement, j’ai négligé ici toute ta vie d’aventurier, tout ce qui ne fut pas ton existence d’amant et dans cette existence d’amant, si remplie que sur tes huit volumes de mémoires, elle en occupe plus de sept trois quarts, je n’ai pu m’arrêter que sur certaines silhouettes, me pencher longuement que sur quelques âmes. Celles qui ne furent dans ta vie qu’un prénom, écrit sur une glace d’hôtel, à la pointe d’un diamant, je ne pouvais les ressusciter toutes ! J’ai choisi les principales, non peut-être celles que tu as préférées, mais celles qui me paraissaient le mieux éclairer ta vie amoureuse, nous restituer ton cœur si riche et si fuyant ! »
(M. Rostand)
Madame Vigée-Le Brun
« Les femmes régnaient alors ; la Révolution les a détrônées. » Le mot est de Madame Vigée-Le Brun, une de celles dont l’empire fut le plus incontesté et le plus doux. Elle l’exerça dans le monde, qui ne lui refusa aucun succès, et dans les arts, où la complaisance de la postérité lui a laissé le sceptre fleuri que ses contemporains lui décernèrent. Elle n’appartient pas à la lignée des grands peintres, cette jolie Parisienne qui fut au service des reines frivoles, des beautés de cour ou de comédie ; mais elle a son rang parmi les maîtres du portrait, car elle porte un exact témoignage sur son époque.
La vie amoureuse d’Alfred de Musset
Dans la vie amoureuse d’Alfred de Musset, elles sont bien peu nombreuses celles dont on connaît les noms. Mais qu’importe ! Dans cette vie amoureuse, comptons aussi les femmes qui sont sorties de son imagination, qu’il a parées de son esprit, de ses rêves, de sa poésie, de toutes les grâces de son génie. Celles-là ne lui furent pas les moins chères.
Marie-Antoinette dauphine
Mai 1770, Marie-Antoinette vient d’arriver en France. Mariée par procuration, selon l’usage, à l’héritier de la couronne de France, elle a quitté l’Autriche pour toujours, sa famille, ses amis, ses repères. Elle est attendue… Sur ses jeunes épaules pèsent des enjeux politiques qui la dépassent, immédiatement elle doit survivre aux féroces intrigues de la cours de Versailles. Sa force de caractère va l’aider, mais aussi la desservir. Déjà, derrière les premiers combats de la dauphine, se dessine le destin tragique de la dernière reine de France.
La reine Marie-Antoinette
La vie de la reine Marie-Antoinette s’apparente à une tragédie antique, c’est la vie d’une reine mais aussi la vie d’une femme. Pierre de Nolhac tisse une toile où se dessinent les événements majeurs de celle qui fut Reine de France juste avant la Révolution française. Au milieu d’une famille royale hostile et une cour trop intéressée par les privilèges accordés, l’auteur nous fait comprendre comment, adulée et aimée au début de son règne, Marie-Antoinette meurt dix-huit ans après sur l’échafaud un jour d’octobre 1793. Un portrait de Marie-Antoinette très réaliste et très touchant.
Marie Walewska
L’Empereur ôte son chapeau, et, se penchant vers la dame commence à lui parler ; mais elle, comme inspirée, éperdue et affolée par les sentiments qui l’agitent, dans une sorte de transport, dit-elle elle-même, ne lui laisse point achever sa phrase. « Soyez le bienvenu, mille fois le bienvenu sur notre terre ! s’écrie-t-elle. Rien de ce que nous ferons ne rendra d’une façon assez énergique les sentiments que nous portons à votre personne, ni le plaisir que nous avons à vous voir fouler le sol de cette patrie qui vous attend pour se relever ! »
Elle voulait sauver la Pologne. Elle ne réussit qu’à tomber amoureuse de Napoléon, et à lui donner son premier enfant.
Madame Vigée-Le Brun
« Les femmes régnaient alors ; la Révolution les a détrônées. » Le mot est de Madame Vigée-Le Brun, une de celles dont l’empire fut le plus incontesté et le plus doux. Elle l’exerça dans le monde, qui ne lui refusa aucun succès, et dans les arts, où la complaisance de la postérité lui a laissé le sceptre fleuri que ses contemporains lui décernèrent. Elle n’appartient pas à la lignée des grands peintres, cette jolie Parisienne qui fut au service des reines frivoles, des beautés de cour ou de comédie ; mais elle a son rang parmi les maîtres du portrait, car elle porte un exact témoignage sur son époque.