Paul Cézanne

Cézanne n’est pas plus fait pour être compris des multitudes que la fleur et le fruit pour remplir les fonctions des branches qui les soutiennent et du tronc qui les nourrit. Il déclarait que « l’artiste ne s’adresse qu’à un nombre excessivement restreint d’individus ». Et s’il est un symptôme social, il ne l’a ni désiré, ni su. Il n’avait rien d’un « primaire ». Il ne croyait pas que la raison fût à la fois le but et le moyen du monde. S’il y eut jamais un être en qui l’instinct commandait au raisonnement et forçait le raisonnement à organiser les révélations de l’instinct, c’est bien ce peintre formidable qui marchait en halluciné par la vie, se frayant un passage pénible dans l’amas des couleurs et des formes qui se pressaient autour de lui.
Érasme, grandeur et décadence d’une idée

Traduit de l’allemand par Alzir Hella
Érasme a aimé beaucoup de choses qui nous sont chères : la poésie et la philosophie, les livres et les œuvres d’art, les langues et les peuples, et, sans faire de différence entre les hommes, l’humanité tout entière, qu’il s’était donné pour mission d’élever moralement. Il n’a vraiment haï qu’une seule chose sur terre, parce qu’elle lui semblait la négation de la raison : le fanatisme. […] Érasme voyait dans l’intolérance le mal héréditaire de notre société.
Berthe Morisot

Derrière la simplicité de sa vie extérieure, derrière la banalité des agitations de sa vie mondaine qu’illuminèrent à la vérité le charme d’une grâce féminine exquise et le sourire d’une constante bonté auquel vint s’ajouter celui d’une tendresse maternelle très profonde, se cache une admirable vie d’artiste : sa vie intérieure, sa vraie vie, celle que révèlent ses œuvres qui furent ses confidentes de chaque jour et qui, à travers leur multiplicité et leur diversité, montrent que, depuis l’enfance jusqu’à la mort, elle est toujours demeurée elle-même dans son art, ce qui ne l’a pas empêchée d’enrichir peu à peu sa palette et de perfectionner et élargir son métier à mesure que se développait sa sensibilité, que s’affinait sa vision et que s’assouplissait sa main.