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Le Désert

Où sont mes frères de rêve, ceux qui jadis ont bien voulu me suivre aux champs d’asphodèles du Moghreb sombre, aux plaines du Maroc ?… Que ceux-là, mais ceux-là seuls, viennent avec moi en Arabie Pétrée, dans le profond désert sonore.
Et que, par avance, ils sachent bien qu’il n’y aura dans ce livre ni terribles aventures, ni chasses extraordinaires, ni découvertes, ni dangers ; non, rien que la fantaisie d’une lente promenade, au pas des chameaux berceurs, dans l’infini du désert rose…
Puis, au bout de la route longue, troublée de mirages, Jérusalem apparaîtra, ou du moins sa grande ombre, et alors peut-être, ô mes frères de rêve, de doute et d’angoisse, nous prosternerons-­nous ensemble, là, dans la poussière, devant d’ineffables fantômes.

Eugène Delacroix

Couverture du livre en grands caractères Eugène Delacroix par Maurice Robin

Des peintres qui sont la gloire de l’art français, Delacroix est de ceux qui eurent le plus à subir les injures, les railleries des artistes, de la critique et du public. Contre lui se liguèrent les peintres sans talent, sans foi, sans amour […]. Contre lui se déchaînèrent les fureurs des critiques d’art qui, à quelques exceptions près, ont toujours fait preuve de pédantisme et d’ignorance. […]
Triste sort que celui des grands artistes ! Méconnus de leur vivant, il faut que le Temps passe sur leur œuvre, que plusieurs générations se succèdent, avant que la Renommée leur accorde la place à laquelle ils ont droit parmi leurs pairs.