Le Désert

Où sont mes frères de rêve, ceux qui jadis ont bien voulu me suivre aux champs d’asphodèles du Moghreb sombre, aux plaines du Maroc ?… Que ceux-là, mais ceux-là seuls, viennent avec moi en Arabie Pétrée, dans le profond désert sonore.
Et que, par avance, ils sachent bien qu’il n’y aura dans ce livre ni terribles aventures, ni chasses extraordinaires, ni découvertes, ni dangers ; non, rien que la fantaisie d’une lente promenade, au pas des chameaux berceurs, dans l’infini du désert rose…
Puis, au bout de la route longue, troublée de mirages, Jérusalem apparaîtra, ou du moins sa grande ombre, et alors peut-être, ô mes frères de rêve, de doute et d’angoisse, nous prosternerons-nous ensemble, là, dans la poussière, devant d’ineffables fantômes.
Camille Pissarro

Pissarro restera l’ouvrier des premières heures qui consacra pieusement sa vie à l’élaboration d’un art universel et complet dont toutes les expressions sont humaines et naturelles. Il aura posé un des premiers jalons de l’esthétique future par laquelle les artistes de l’avenir s’émanciperont vers la lumière, source de toute vie et de toute beauté. La rêverie ensoleillée de son œuvre immense charmera pour longtemps les délicats et les sincères, et les peintres eux-mêmes sauront y retrouver les marques d’un génie modeste, dont s’enorgueillira plus tard la France, quand elle mettra le souci de ses gloires artistiques au-dessus des cabotinages.
Berthe Morisot

Derrière la simplicité de sa vie extérieure, derrière la banalité des agitations de sa vie mondaine qu’illuminèrent à la vérité le charme d’une grâce féminine exquise et le sourire d’une constante bonté auquel vint s’ajouter celui d’une tendresse maternelle très profonde, se cache une admirable vie d’artiste : sa vie intérieure, sa vraie vie, celle que révèlent ses œuvres qui furent ses confidentes de chaque jour et qui, à travers leur multiplicité et leur diversité, montrent que, depuis l’enfance jusqu’à la mort, elle est toujours demeurée elle-même dans son art, ce qui ne l’a pas empêchée d’enrichir peu à peu sa palette et de perfectionner et élargir son métier à mesure que se développait sa sensibilité, que s’affinait sa vision et que s’assouplissait sa main.
Camille Pissarro

Pissarro restera l’ouvrier des premières heures qui consacra pieusement sa vie à l’élaboration d’un art universel et complet dont toutes les expressions sont humaines et naturelles. Il aura posé un des premiers jalons de l’esthétique future par laquelle les artistes de l’avenir s’émanciperont vers la lumière, source de toute vie et de toute beauté. La rêverie ensoleillée de son œuvre immense charmera pour longtemps les délicats et les sincères, et les peintres eux-mêmes sauront y retrouver les marques d’un génie modeste, dont s’enorgueillira plus tard la France, quand elle mettra le souci de ses gloires artistiques au-dessus des cabotinages.