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Gustave Courbet

La science livresque des doctes professeurs est généralement impuissante à expliquer l’œuvre d’art et à en faire apprécier les qualités essentielles.
Courbet apprit la gram­maire de son art dans les Musées, mais c’est au contact de la Réalité qu’il put développer magistralement son style et affirmer son origi­nalité. C’est parce qu’il s’évada des Musées au moment opportun que les morceaux capitaux de son œuvre tiennent bellement leur place au Louvre, à côté des chefs-d’œuvre des meilleurs artistes de son temps et de tous les temps.

Vie de Michel-Ange

Il est, au Museo Nazionale de Florence, une statue de marbre, que Michel-Ange appelait Le Vainqueur. C’est un jeune homme nu, au beau corps, les cheveux bouclés sur le front bas. Debout et droit, il pose son genou sur le dos d’un prisonnier barbu, qui ploie, et tend sa tête en avant, comme un bœuf. Mais le vainqueur ne le regarde pas. Au moment de frapper, il s’arrête, il détourne sa bouche triste et ses yeux indécis. Son bras se replie vers son épaule. Il se rejette en arrière ; il ne veut plus de la victoire, elle le dégoûte. Il a vaincu. Il est vaincu.
Cette image du Doute héroïque, cette Victoire aux ailes brisées, qui, seule de toutes les œuvres de Michel-Ange, resta jusqu’à sa mort dans son atelier de Florence, et dont Daniele da Volterra, confident de ses pensées, voulait orner son catafalque, – c’est Michel-Ange lui-même, et le symbole de toute sa vie.