Paul Cézanne

Cézanne n’est pas plus fait pour être compris des multitudes que la fleur et le fruit pour remplir les fonctions des branches qui les soutiennent et du tronc qui les nourrit. Il déclarait que « l’artiste ne s’adresse qu’à un nombre excessivement restreint d’individus ». Et s’il est un symptôme social, il ne l’a ni désiré, ni su. Il n’avait rien d’un « primaire ». Il ne croyait pas que la raison fût à la fois le but et le moyen du monde. S’il y eut jamais un être en qui l’instinct commandait au raisonnement et forçait le raisonnement à organiser les révélations de l’instinct, c’est bien ce peintre formidable qui marchait en halluciné par la vie, se frayant un passage pénible dans l’amas des couleurs et des formes qui se pressaient autour de lui.