Nietzsche

Nietzsche n’est pas seulement le penseur du relativisme et de l’amoralisme. Il est aussi l’incarnation vivante de sa propre philosophie, une « danse autour de l’abîme » où chaque pas est un défi à la morale établie, chaque geste une recherche éperdue de connaissances et de nouveauté, quitte à sacrifier ses amitiés les plus chères.
Stefan Zweig réussit à capturer l’essence de cet esprit en perpétuelle ébullition dans ce corps malade, illustrant brillamment comment la vie et l’œuvre de Nietzsche sont indissociablement liées. Par ce récit, l’auteur ne dévoile pas seulement le philosophe mais aussi l’homme derrière la pensée, offrant une réflexion sur la beauté et la tragédie de l’existence.
Nouvelles fantastiques ou réalistes

Guy de Maupassant, figure majeure de la littérature française, excelle dans l’art de la nouvelle, capturant en peu de mots la complexité de la condition humaine et des sentiments. Ce recueil rassemble quelques-unes de ses œuvres les plus marquantes, souvent étudiées au collège, telles que La Parure, Le Papa de Simon, Aux Champs, Mademoiselle Cocotte, La Main d’écorché et Le Horla.
Ces récits, tantôt réalistes, tantôt fantastiques, explorent des thèmes universels comme la quête d’apparence, les liens familiaux, les inégalités sociales ou encore les mystères de l’esprit humain. Avec un style clair et précis, Maupassant plonge le lecteur dans des histoires captivantes, où chaque détail compte.
Érasme, grandeur et décadence d’une idée

Traduit de l’allemand par Alzir Hella
Érasme a aimé beaucoup de choses qui nous sont chères : la poésie et la philosophie, les livres et les œuvres d’art, les langues et les peuples, et, sans faire de différence entre les hommes, l’humanité tout entière, qu’il s’était donné pour mission d’élever moralement. Il n’a vraiment haï qu’une seule chose sur terre, parce qu’elle lui semblait la négation de la raison : le fanatisme. […] Érasme voyait dans l’intolérance le mal héréditaire de notre société.
Marie-Antoinette – partie 1

Marie-Antoinette n’était ni la grande sainte du royalisme ni la grande « grue » de la Révolution, mais un être moyen, une femme en somme ordinaire, pas trop intelligente, pas trop niaise, un être ni de feu ni de glace, sans inclination pour le bien, sans le moindre amour du mal, la femme moyenne d’hier, d’aujourd’hui et de demain, sans penchant démoniaque, sans soif d’héroïsme, assez peu semblable à une héroïne de tragédie. Mais l’Histoire, ce démiurge, n’a nullement besoin d’un personnage central héroïque pour échafauder un drame émouvant.
[…] Avec un réalisme mélodramatique, cette tragédie met en présence les oppositions les plus violentes ; elle pousse Marie-Antoinette d’un palais impérial aux cent salons dans une misérable geôle, du carrosse doré sur la charrette du bourreau, du trône sur l’échafaud ; elle la jette du luxe dans l’indigence ; d’une femme jouissant de la faveur générale et partout acclamée, elle fait un objet de haine sur qui s’abat la calomnie ; bref elle l’entraîne toujours plus bas, sans pitié, jusqu’au suprême abîme. Et cet être petit et médiocre, soudainement assailli dans sa nonchalance, ce cœur étourdi ne comprend pas ce que lui veut cette force étrangère ; il sent seulement qu’une dure poigne le pétrit, qu’une griffe brûlante s’enfonce dans sa chair torturée ; inaccoutumé à la souffrance, la craignant, il ne se doute de rien, se débat, gémit, cherche à s’échapper. (S. Zweig)
Marie-Antoinette – partie 2

Marie-Antoinette n’était ni la grande sainte du royalisme ni la grande « grue » de la Révolution, mais un être moyen, une femme en somme ordinaire, pas trop intelligente, pas trop niaise, un être ni de feu ni de glace, sans inclination pour le bien, sans le moindre amour du mal, la femme moyenne d’hier, d’aujourd’hui et de demain, sans penchant démoniaque, sans soif d’héroïsme, assez peu semblable à une héroïne de tragédie. Mais l’Histoire, ce démiurge, n’a nullement besoin d’un personnage central héroïque pour échafauder un drame émouvant.
[…] Avec un réalisme mélodramatique, cette tragédie met en présence les oppositions les plus violentes ; elle pousse Marie-Antoinette d’un palais impérial aux cent salons dans une misérable geôle, du carrosse doré sur la charrette du bourreau, du trône sur l’échafaud ; elle la jette du luxe dans l’indigence ; d’une femme jouissant de la faveur générale et partout acclamée, elle fait un objet de haine sur qui s’abat la calomnie ; bref elle l’entraîne toujours plus bas, sans pitié, jusqu’au suprême abîme. Et cet être petit et médiocre, soudainement assailli dans sa nonchalance, ce cœur étourdi ne comprend pas ce que lui veut cette force étrangère ; il sent seulement qu’une dure poigne le pétrit, qu’une griffe brûlante s’enfonce dans sa chair torturée ; inaccoutumé à la souffrance, la craignant, il ne se doute de rien, se débat, gémit, cherche à s’échapper. (S. Zweig)